Atypeek Mag N°1 | Page 42

ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 « Plutôt qu’une ap- proche col- lective, il s’agissait bien déjà d’un fonctionne- ment en ré- seau, chacun gardant son caractère in- dividuel, mais contribuant à la diffusion des autres, le tout générale- ment sans but lucratif.  » INTERVIEW DE Maxime Lachaud 42 Dès votre premier disque, vous avez repris « Smelly Tongues » des Residents, comme si ce morceau à lui seul avait inventé un genre. Quelle était votre relation aux Residents ? Nous avions découvert le single « Smelly Tongues » quelques semaines après celui de « Satisfaction » et le côté pop apporté à cette version par Snakefinger nous a vrai- ment plu. Cette reprise, systématique dans nos premiers concerts, était un signe de reconnaissance de la filiation… L’influence des Residents a été forte sur notre manière de jouer avec des voix grotesques à nos débuts, mais nous avons évolué. La direction que nous envisagions de prendre avant d’arrêter nous excitait beaucoup, mais s’est avérée un peu complexe… Il s’agissait de trouver un « interprète » différent par morceau, en les choisissant comme des instruments en fonction du son de leur voix ou de leur type de personnalité. Malheureusement, les heureux élus n’étaient généralement pas très motivés par cette approche… Nous devions sans doute être perçus comme des manipulateurs. Et comment réagissez-vous quand des groupes en- core aujourd’hui vous citent comme une influence majeure (il y avait eu par exemple la compilation Ignoble Vermine chez Gazul ou toute la scène zolo d’Austin qui s’inspire de votre travail) ? * Une première version de cette interview était parue en septembre/octobre 2013 dans le numéro #17 d’Obsküre Magazine. Nous ne nous voyons pas comme des influenceurs mais plutôt comme des provocateurs qui suscitent parfois encore des réactions. Ceci dit, écouter d’autres groupes revisiter nos morceaux est très rafraîchissant, d’autant plus qu’ils sont généralement de bien meilleurs musiciens que nous et plus inventifs. Philippe Perreaudin de Palo Alto a fait preuve d’une ténacité incroyable pour nous convaincre de rééditer nos cassettes en CD, et la compilation qu’il a coordonnée a été une délicieuse surprise. Du coup, nous sommes au bord de la rechute et récemment nous avons discuté d’un projet pour le Web : « The Boule Shrine » une collection ouverte et collabora- tive d’interprétations de « Boule (viens ici !) »… Mais cela restera peut-être un projet inachevé. Il y avait aussi une dimension ethnographique dans votre musique et vos productions. Vous sortiez beau- coup de formations japonaises sur vos cassettes, mais aussi vous vous inspiriez des rythmes et chants traditionnels indiens ou papous (« The Big Chief »). Pouvez-vous revenir là-dessus ? Nous avons effectivement beaucoup écouté d’enregistrements ethnographiques, surtout pour les voix extraordinaires qu’on y trouve. C’est Ericka Irganon qui les étudiait et nous poussait à l’occasion à les retravailler… Par contre, cela nous gênait de les singer et nous avons préféré