Atypeek Mag N°1 | Page 94
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ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
À SAVOIR
© DR
Le triomphe
de l’imagination
C’était déjà une narration que j’avais dans la tête. Je pense aussi que j’avais le
bon âge quand le genre splatter a explosé, entre 1980 et 1983. Tous ces films
étaient fantastiques et je les ai dévorés à l’adolescence. Aujourd’hui des films
sont écrits pour rendre hommage à ce travail de Tom Savini qui était si impres-
sionnant, puis le voir se raffiner avec Rick Baker et Dick Smith, c’était se dire
qu’on pouvait avoir de l’audace et de la théâtralité mais qu’on pouvait aussi
ensuite porter attention à cet art. C’était très excitant, comme un bouillonnement
artistique. C’était une période foisonnante, et j’avais l’âge pour l’apprécier.
Quand tu as commencé à travailler sur des films, avais-tu un mentor ?
Oui. À une convention de films, j’ai rencontré un artiste d’effets spéciaux,
Arnold Gargiulo. Il habitait à deux villes de chez moi et il m’a invité à visiter
son studio. J’ai commencé à y travailler gratuitement, puis je me suis retrouvé
sur des tournages et j’ai commencé à être payé. J’étais très jeune. J’avais seize
ans et je me retrouvais sur des projets imminents.
Le premier long
métrage de Gabe
Bartalos, écorché Vif,
a été édité en France
en 2005 par le biais
du magazine
Mad Movies.
Cela m’a amené à travailler sur mon premier film, Spookies ou Twisted Souls.
Je connaissais les cinéastes mais Arnold a eu une dispute et a quitté le projet.
Ma pensée initiale était de partir avec lui mais il m’a dit non, reste avec eux,
ils t’apprécient. Il m’a donné sa bénédiction et du coup j’ai eu en charge de
terminer les quelques monstres qu’il fallait construire. Le producteur et les
réalisateurs ont vraiment apprécié que je reste car ils avaient besoin d’aide.
C’était la première fois que je vivais sur les lieux du tournage, je créais des
personnages et j’avais la possibilité de les voir sur un écran, ce qui est très
important. Tu commences à voir à quoi ton travail ressemble sur la toile à
laquelle il est destiné. Est-ce que je dois mettre plus de peinture ? Est-ce que
je dois en enlever ? Et tu t’ajustes en fonction.
Quand tu travailles avec un cinéaste, il faut que tu t’adaptes à sa vision.
Pour que cela fonctionne, faut-il que tu aies la même vision que lui ?
Oui, c’est double car, sauf dans les cas de mes propres films, Écorché Vif et
Saint Bernard, je suis un artiste commercial. Un client loue mes services.
C’est du business et je me dois de remettre ce qu’il demande. Mais les clients
plus futés viennent me voir car ils aiment mon style, mon énergie, ou ils ont
vu quelque chose que j’ai fait qui leur a plu. Et ils arrivent à tirer le mieux
de ce qui sort de moi normalement. Pour les films où il y a besoin de créer
des choses ultra-réalistes, le défi est de mettre mon style en sourdine et de