8
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
INTERVIEWARTISTE
PEACHES
ENTERTAINER
Texte : Ira Benfatto
Interview : Ira Benfatto ET Christophe Féray
INFOS : www.facebook.com/pg/officialpeaches/
Entertainer [ˌentəˈteɪnəɼ] noun
[comedian] comique m, amuseur m,
amuseuse f
[in music hall] artiste mf (de music hall),
fantaisiste mf
-Traduction du Larousse
Fin des années 90, Toronto et les rivages du lac Ontario. La mu-
sicienne Merill Beth Nisker éprouve le besoin de se réinventer.
Elle s’achète un Roland MC505, travaille seule sur un nouveau
son et se découvre une autre façon de chanter. « Peaches » est
née. Lovertits, son 1 er EP de six titres, sort en 2000. Sonorités
minimales, sales, et paroles explicites, son attitude séduit le
label allemand Kitty-Yo.
Dans la foulée, la Canadienne déménage à Berlin pour y enreg-
istrer son premier album studio, The Teaches of Peaches (2000).
L’album devient culte et marque la pop-culture. Et bien que le
succès commercial ne soit pas encore au rendez-vous, elle se
voit propulsée au rang de superstar de l’underground. Influencé
par Joan Jett, Iggy Pop, les Bikini Kill, le cinéaste John Waters
et la photographe Cindy Sherman, son personnage séduit les
clubbers, les post-féministes, le milieu de la mode et les freaks
de tous horizons.
D’icône de l’underground, elle devient icône queer avec son 2 e
opus, Father Fucker (2003). Elle s’y joue des questions de genre,
apparaît avec une barbe sur la couverture, s’approprie et renverse
les clichés macho rock ’n’ roll, en mode riot grrrl. Jusqu’à marquer
les esprits de manière indélébile, au point que plus un article ne
manque de la qualifier de reine des queers ou de l’aborder sous
l’angle du féminisme.
Quatre albums et 13 ans plus tard, c’est au-dessus d’une
bassine, la tête recouverte d’une serviette chaude, que nous
la retrouvons dans sa loge de l’Épicerie Moderne. Exténuée
par un mois sur les routes, au rythme effréné des dates qui
s’enchaînent. Car une nouvelle mutation s’est opérée chez
Peaches au travers de ses deux derniers albums, clairement
plus accessibles. Ses mélodies sont plus complexes et ses
textes autobiographiques.
Le sexe est toujours présent mais l’engagement politique plus
diffus. Et son débit si spécifique s’entrecoupe désormais de
refrains chantés sur des boucles plus disco qu’electropunk.
Quitte à décevoir ses fans de la première heure qui le déplorent,
c’est une réelle volonté de sa part, un choix artistique assumé.