Atypeek Mag N°1 | Page 71
ALBUMS
Vald AGARTHA (Oulala: CAPITOL)
« Vald est un enfant Indigo, c’est tout ce
que j’ai à dire »
Alors qu’on se le dise (merde j’ai déjà dit deux fois
« dire » !) je ne vais pas faire une critique intel-
ligente du nouvel album de Vald. Généralement je
trouve ça très ennuyeux : « les chroniques », et je
ne comprends pas comment une personne peut
donner son opinion sur de la musique comme si
c’était la vérité. Que des gens lisent ça pour se
faire « un avis » me répugne encore plus. Et pis
c’est pas mon travail. Mon travail c’est Schlaasss,
et j’ai d’ailleurs rencontré Vald lors d’un concert ou
nous partagions l’affiche dans un festival l’année
dernière. L’enfer quand tu fais des concerts c’est
de rencontrer « en vrai » des artistes que tu aimes
beaucoup, lors d’une date commune par exemple.
Souvent tu te rends compte, qu’à part te demander
du speed et te décevoir terriblement par une suite de
petites actions médiocres, ils sont comme la plupart
des gens : des êtres humains nuls à chier. Quand
tu es de sexe féminin, ils essaient généralement
de te « bénène » en te faisant comprendre que ta
place est bien plus avec leur bite dans ta bouche
à l’hôtel Ibis que sur scène tout à l’heure ou t’as
vraiment un problème avec ta féminité blablabla…
©DR
Date de sortie :
20/01/2017
Durée : 01:07:25
Nationalité : FR
Styles : RAP
Bonne surprise, lorsque j’ai rejoint Vald et sa bande
dans leur chambre d’hôtel, personne ne m’a réduite
à une « Petite Chatte ». On a fumé de l’excellente
weed, on a parlé et rigolé tranquillement entre
« êtres de lumières », ils étaient chouettes, gentils
et lol. Globalement, ils dégageaient une énergie
arc-en-ciel maxi bienveillante. Vald m’a demandé
pourquoi je n’enlevais jamais mon bonnet rose
fluo. Je lui ai répondu que c’était pour une raison
simple et mystérieuse. La même raison qui lui faisait
garder ses lunettes de soleil alors qu’il faisait nuit.
En 2017 le nouveau Vald est là, sans lunettes de
soleil et sans son légendaire sweat Redskins bouclier,
il a trouvé la force de se laisser regarder par Satan
et les Francs-maçons. Dans le morceau « LDS » qui
parle de ses Ray Bans justement, il clame : « J ‘me
suis pas réincarner pour bouillave à Pattaya ». Val-
entin est là pour nous délivrer, gros taff. « LOURD »
comme il dit en interview quand il faut bien combler
le vide et l’ennui du dévoilement impossible de
sa mission. Vald est très certainement un mage
des temps 2.0. Il s’adresse à la partie magique de
chacun d’entre nous en revêtant le costume de ses
propres ennemis. Il infiltre le système et encourage
tout le monde à le faire. Observons sa méthode
alchimique subversive : dans le morceau numéro 4
par exemple « Je t’aime », il met en parallèle l’amour
et l’amitié comme une même énergie, compliquée,
mais indispensable et précieuse : « Tout niquer seul
j’en ai jamais rêvé ». Il pose des couplets intimes
adressés à la femme de sa vie, puis à son meilleur
ami. Il pourrait se vautrer dans cette déclaration
d’amour si touchante, presque du rap conscient
oulala… mais si proche du couronnement il vient
« tout niquer » avec un refrain cucul et pop à la
limite du ridicule. Pourquoi ??? Qu’est ce que cela
signifie ? Comme pour « Selfie » et « Bonjour »,
titres de l’album précédent, il ruse le petit coquin !
Les gens vont chantonner ce refrain efficace sans
comprendre la substance des couplets du morceau.
Mais le mantra est là, les nouveaux circuits sont
en marche. Le message va s’insinuer par la magie
de la répétition. Les tracks de cet « Agartha » sont
toutes composées de ce paradoxe, gnôle de luxe
dans une canette de 8.6. Fais un ptit effort d’écoute
et tu comprendras la leçon. Qui n’est d’ailleurs
jamais assénée comme telle. Vald reçoit-il des
subventions de l’éducation nationale ? Non, trop
formaté. Ou des extraterrestres ? Non, trop facile.
Ce qui est sur c’est qu’il aligne sur cet album une
bonne dizaine de morceaux mégas puissants. Paie
tes tubes « Mégadose », « Eurotrap », « Kid Cudi »…
Valentin, le moine d’Aulnay, hurle sa dépression
sur des prods commerciales qui feront danser les
foules sous MD de ses concerts. Il fera du playback
et célébrera la vacuité de ce monde en sautant
et en dabbant « Turn up dans le club » avec son
comparse AD à ses côtés. Suik’on Blaze AD, super
rappeur incisif et discret, qu’on devine comme la
flamme jumelle de Valentin, son ancrage en plus
d’être son backeur. Et dont le feat sur « Blanc »
résonne comme un pacte adolescent « La Vie de
Ma Mère que je vais nous délivrer ». « Blanc » qui
vient bien mettre une Volvo dans le cul à tout le
monde. Avec la vaseline, Vald fait passer un gros
morceau politique et AD en remet une couche :
« J’me torche le cul avec le Point et le Figaro ».
« Blanc comme dieu », vous trouverez votre place
au paradis, parmi les babtous et les riches les
minous, ou alors vous ferez autre chose, et je vous
le souhaite. Ma préf reste « Totem » ou Valentin
ajoute à son écriture énervée une interprétation
brutale à se péter la voix, braillant l’inconfort à
porter cette lumière que personne ne voit et que peu
comprennent. Comme tous les sages ils souffrent
de « savoir », si jeune et si blond, bichette ! Ouais
bébé Vald je sais que tu vas sauver le monde, car
faire rimer « Pégaze » et « Pétasse » c’est le truc
le plus réellement thug et indispensable à faire
aujourd’hui. Comme tu le dis dans ton dernier
morceau « Tu retournes en enfer » parce que t’as
décidé de t’incarner ici et maintenant. Et que faire
péter les barrières de l’autoroute de la chiotte c’est
pas toujours « easy », surtout dans le rap. Avant
l’apocalypse et le changement de dimension, je
veux bien faire un feat avec toi. Mais tu es trop
malin pour ça. Et moi je suis trop conne, je viens
de faire une chronique musicale. Je pars