Atypeek Mag N°1 | Page 45

ATYPEEK MAG # 02 JANV ./ FEV ./ MARS 2017 45
© Emile Holba
© Emile Holba le Mad Max Jazz , pays de landes désolées
S ’ il est un avis de tornade qui puisse être considéré comme une bonne nouvelle , c ’ est bien un appel d ’ air à l ’ intérieur du saxophone de Guillaume Perret . Jaillissant des lèvres pincées de l ’ artiste , le souffle suit son chemin de traverse modulé par la pression des doigts de son initiateur tout en se ménageant une sortie ahurissante . Que se passe-t-il donc à l ’ intérieur du sillon de cuivre pour expliquer une déflagration aussi monumentale , un séisme aérien qui s ’ étend aujourd ’ hui sur quatre albums ?
Entre son point de départ et son arrivée fracassante , no time pour la pudeur : Perret « strip » nos attentes du saxophone et « tease » nos jeunes espoirs qu ’ il comble dès les premiers braillements de son ténor . Aboiements et atermoiements sur un vibrato vrombissant décrivent l ’ entrée dans un nouveau genre de musique improvisée ! Encore plus abrupte , aride , acide ,
Plus d ’ informations sur Guillaume Perret : http :// guillaume-perret . fr /
gonflé que le free-jazz , Guillaume Perret propulse dans le monde sonique une circulation d ’ air instable , un triomphe euphorique de vents contraires rendus fous par leur passage intra-instrument et qui , dans la traversée des corps alentours , trouvent un deuxième souffle de destruction . À la frontière ultime du panel de notes entendues , le free-jazz se love dans une peau hérissée d ’ écailles métalliques . Le cerveau frappé par la mutation pourra lui donner un nouveau nom : le Wild Wild Jazz , le Mad Max Jazz , pays de landes désolées , steppes hostiles encore méconnus des hommes et venant s ’ inviter dans leur quotidien musical par l ’ intermédiaire d ’ un climax assourdissant .
Coltrane semble se situer dans les parages : peut-on éviter l ’ un des piliers du jazz improvisé ? Pour autant , Perret ne s ’ y cogne pas dessus . La puissance filamenteuse de son sax ténor se confond en suramplifications électriques et va chercher des équivalences inattendues vers les guitares spatiales d ’ Empty Spaces de Pink Floyd . Vers le jeu dérangé de Marc Ribot lors de son célèbre Ceramic Dog . Le parallèle n ’ est pas anodin étant donné que le premier album de Perret a été produit par l ’ un des compagnons de route de Ribot , John Zorn . Qui plus est , sur ses trois premiers opus : Guillaume Perret and The Electric Epic , Doors , Open Me , l ’ artiste est magnifiquement secondé par un groupe s ’ inscrivant dans la lignée directe des amoureux de la musique expérimentale : le fameux The Electric Epic cité dans le premier album éponyme .
“ Aboiements et atermoiements sur un vibrato vrombissant décrivent l ’ entrée dans un nouveau genre de musique improvisée ! Encore plus abrupte , aride , acide , gonflé que le free jazz …”
ARTICLE de Jonathan Allirand
IL A DIT :
« Le jazz a de nombreuses couleurs , et ne saurait se limiter à un style en particulier . C ’ est un grand bac à sable ou tout est possible . »