ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
« Plutôt
qu’une ap-
proche col-
lective, il
s’agissait
bien déjà d’un
fonctionne-
ment en ré-
seau, chacun
gardant son
caractère in-
dividuel, mais
contribuant
à la diffusion
des autres, le
tout générale-
ment sans but
lucratif. »
INTERVIEW
DE Maxime Lachaud
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Dès votre premier disque, vous avez repris « Smelly
Tongues » des Residents, comme si ce morceau à
lui seul avait inventé un genre. Quelle était votre
relation aux Residents ?
Nous avions découvert le single « Smelly Tongues »
quelques semaines après celui de « Satisfaction » et le côté
pop apporté à cette version par Snakefinger nous a vrai-
ment plu. Cette reprise, systématique dans nos premiers
concerts, était un signe de reconnaissance de la filiation…
L’influence des Residents a été forte sur notre
manière de jouer avec des voix grotesques à nos débuts,
mais nous avons évolué. La direction que nous envisagions
de prendre avant d’arrêter nous excitait beaucoup, mais
s’est avérée un peu complexe… Il s’agissait de trouver un
« interprète » différent par morceau, en les choisissant
comme des instruments en fonction du son de leur voix
ou de leur type de personnalité. Malheureusement, les
heureux élus n’étaient généralement pas très motivés
par cette approche… Nous devions sans doute être perçus
comme des manipulateurs.
Et comment réagissez-vous quand des groupes en-
core aujourd’hui vous citent comme une influence
majeure (il y avait eu par exemple la compilation
Ignoble Vermine chez Gazul ou toute la scène zolo
d’Austin qui s’inspire de votre travail) ?
* Une première version de cette interview était parue en septembre/octobre 2013 dans le numéro #17 d’Obsküre Magazine.
Nous ne nous voyons pas comme des influenceurs
mais plutôt comme des provocateurs qui suscitent parfois
encore des réactions. Ceci dit, écouter d’autres groupes
revisiter nos morceaux est très rafraîchissant, d’autant plus
qu’ils sont généralement de bien meilleurs musiciens que
nous et plus inventifs. Philippe Perreaudin de Palo Alto a
fait preuve d’une ténacité incroyable pour nous convaincre
de rééditer nos cassettes en CD, et la compilation qu’il a
coordonnée a été une délicieuse surprise.
Du coup, nous sommes au bord de la rechute et
récemment nous avons discuté d’un projet pour le Web :
« The Boule Shrine » une collection ouverte et collabora-
tive d’interprétations de « Boule (viens ici !) »… Mais cela
restera peut-être un projet inachevé.
Il y avait aussi une dimension ethnographique dans
votre musique et vos productions. Vous sortiez beau-
coup de formations japonaises sur vos cassettes,
mais aussi vous vous inspiriez des rythmes et chants
traditionnels indiens ou papous (« The Big Chief »).
Pouvez-vous revenir là-dessus ?
Nous avons effectivement beaucoup écouté
d’enregistrements ethnographiques, surtout pour les voix
extraordinaires qu’on y trouve. C’est Ericka Irganon qui les
étudiait et nous poussait à l’occasion à les retravailler… Par
contre, cela nous gênait de les singer et nous avons préféré