Atypeek Mag N°1 | Page 37
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
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PTÔSE
Vers d’oreille
JOURNALISTE : Maxime Lachaud INFORMATIONS : http://urlz.fr/523s
C’est l’histoire de ces adorateurs d’insectes
dégoulinants et d’électronique vintage
Niort, 1979. Deux frères, Benoit et Lionel Jarlan, autoproduisent leur premier
disque, Boule (Viens Ici !). Contre toute attente, cette chanson électro-canine
influencée par les délires grotesques des Residents devient vite un hymne
repris dans le monde entier. Les années suivantes, le groupe enchaînera les
productions, notamment sur leur label PPP, souvent sous la forme d’emballages
inventifs, les cassettes pouvant se dissimuler à l’intérieur de paquets de
viande sous vide ou de boîtes de médicaments. Devenus incontournables
du réseau DIY français, ils finiront leur carrière par deux vinyles publiés sur
le label néerlandais Eksakt et réédités en 2013 par Infrastition : The Swoop
(1984) et Face de Crabe (1986). Cette existence, au final, assez brève, mar-
quera durablement les esprits. Un album hommage paraît en 2004 sur Gazul,
Ignobles Vermines : A Tribute to Ptôse, des dizaines de formations les ont
repris et l’émission de radio culte La Nuit des Sauriens porte le titre d’un de
leurs morceaux depuis plus de trente ans. Nous nous sommes entretenus
avec Lionel Jarlan afin de revenir sur l’histoire de ces adorateurs d’insectes
dégoulinants et d’électronique vintage.
Ptôse a publié deux cassettes sur leur label PPP
actif entre 1979 et 1985 où ils ont rassemblé
le gratin de la scène cassette de l’époque pour
reprendre leur tube “Boule (viens ici !)”.
On y retrouve Anne Gillis, Mark Lane, Die Form,
Renaldo & the Loaf, Half Japanese ou encore
Van Kaye & Ignit.
©DR
Alors, si je ne me trompe pas, tout a commencé à Niort à la fin
des années 70. Pouvez-vous revenir sur le contexte dans lequel Ptôse
est né ?
Lionel Jarlan : D’abord nourris aux classiques comme les Stones,
les Beatles ou les Pink Floyd et autres Spotnicks, puis initiés aux audaces
du Velvet Underground ou de Brian Eno, nous étions devenus au milieu des
années 70 de gros consommateurs de vinyles indépendants, généralement
achetés par correspondance. Nous dépensions nos économies à découvrir
un peu tout ce qui sortait de nouveau, hors des grands labels. Nous avons
accueilli avec intérêt la vague Punk, sa démarche provocatrice et sa musique
brute, éloignée de toute virtuosité… mais nos préférences allaient aux Wire,
Talking Heads, Modern Lovers ou Pere Ubu. Nos compétences musicales
étaient assez limitées et nous n’envisagions pas du tout de créer un groupe.
Le déclic s’est produit en 78, à l’écoute de la version de « Satisfaction » par
The Residents, achetée par hasard avec un paquet