Atypeek Mag N°1 | Page 27
Jozef Van Wissem © Alan Kerloc’h - www.mycatisyellow.net
Jozef Van Wissem : Je ne sais pas trop, c’est surtout
de la chance. Il y avait une période où je marquais des
grands silences à mes concerts. Je jouais un morceau et
je marquais des pauses de quelques minutes sans jouer.
C’est toujours difficile d’habituer un public à ce genre de
chose. J’ai arrêté de le faire mais je pense que je pourrais
encore le faire aujourd’hui. D’un autre côté le set doit aussi
m’amuser sinon je n’y arriverais pas. J’ai dû jouer plus de
mille sets durant ces 8 dernières années. Certains étaient
très difficiles d’accès et d’autres étaient plus abordables.
C’est encore difficile, ceci étant dit, d’amener les gens
à se taire pendant une heure. Malheureusement c’est trop
demander parfois. Aux Pays-Bas on a ce phénomène que
les Belges appellent “le fléau hollandais”. Les Hollandais
ne viennent pas aux concerts pour la musique mais pour
parler. J’adore cette expression, je la trouve marrante. La
musique est dans un sale état aujourd’hui, c’est très triste.
En France les gens sont silencieux et ils considèrent encore
la musique comme une chose spéciale, ils la chérissent.
T’as quelques pays comme en Europe de l’Est où la
musique est encore quelque chose de sacré. J’aime beau-
coup jouer dans ces endroits, et je n’ai plus à jouer là où
ce n’est plus le cas. Je décline les offres, tout simplement.
Je me dis “Sérieusement, les gars ! Vous avez quelqu’un sur
scène qui vous livre son âme. Ce n’est pas rien !”.
Qu’est ce qui vous amène à préserver l’aspect religieux
ou spirituel de la musique de luth dans vos œuvres ?
Jozef Van Wissem : Je suis passionné par les ouvrages
de ces personnages obscurs qui décrivent les voyages
de leur âme jusqu’à se rapprocher de Dieu, surtout les
femmes. J’adore la force de cette littérature et ses de-
scriptions détaillées. Il doit bien y avoir une raison à ça,
je ne sais pas. En ce moment je fais des recherches sur
les “Gottesfreunde” (Les Amis de Dieu), un cercle chrétien
allemand mystique. J’ai vraiment envie de réaliser un long-
métrage sur Henri Suzeau, qui étudiait au sein du cercle
de Meister Eckhart. Je commence déjà à nommer certains
de mes titres d’après ses ouvrages. Ce serait une sorte
de “Gesamtkunstwerk” (Œuvre d’art totale) où je serai
réalisateur, acteur et compositeur.
© DR - Land de Babak Jalali
Ça fait un moment que c’est en écriture. Ça serait
un film ambiant, je n’ai aucune intention d’en faire un
film rapide qui suivrait les conventions Hollywoodiennes.
En parlant de ça, je suis en train de composer pour un
nouveau film. Le film s‘appelle Land de Babak Jalali. C’est
un western moderne qui adopte le point de vue des Indiens
d’Amérique. C’est un film qui accorde beaucoup de place
au paysage, avec des vrais Amérindiens au casting. Je suis
vraiment content de composer pour ce film.
Pour finir : pouvez-vous citer un de vos albums, films
et bouquins préférés ?
Jozef Van Wissem : Mon album préféré du moment est
Kreuzmuzik by Henning Christiansen. Mon bouquin préféré
du moment est Life of the Servant d’Henri Suzeau. Mon
film préféré du moment est Ordet de Carl Theodor Dreyer.
Retrouvez plus de photos sur http://ladnewg.net/ et sur www.mycatisyellow.net
Un grand merci
à Jozef Van Wissem
et au staff
du Fgo-Barbara (Paris)
pour avoir rendu
cette interview possible !
ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
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