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ATYPEEK MAG #02
JANV./FEV./MARS 2017
INTERVIEWDAV GUEDIN
“À force de faire
des livres où
je parle de
sperme, de caca et
autres friandises,
on pense que j’ai
une fascination
pour le sale et
le graveleux alors
qu’en fait je suis
quelqu’un de
très propre et
ordonné.”
DAV GUEDIN
À SAVOIR
Fred Druart est l’illustrateur
de plus de 10 bandes
dessinées, dont Groupe
Tel-Aviv, La Métaphore du
Papillon, Le chien de minuit...
PLUS D’INFOS
http://fredtoshy.wixsite.
com/illustration
ance au-dessus de nos têtes (à part pour l’oligarchie). J’y ai
échappé. Et pour l’avoir fréquentée en tant qu’intervenant,
je suis bien content d’en être resté à l’écart. Le concept
est inepte. Les conditions sont inhumaines bien souvent.
Ça n’apprend pas grand-chose. Beaucoup sont là pour
pas grand-chose. Il y règne pourtant une solidarité qui
fait plaisir à voir.
Q
comme
Qu’est-ce qu’on attend
pour foutre le feu ?
Chanson de NTM qui résonne encore et toujours dans ma
tête. Quand on voit l’absurdité et la vacuité du discours
politique d’aujourd’hui, les manigances et manipulations
dont nous sommes victimes, on se demande bien ce qu’on
attend. J’en peux plus d’entendre des gens m’expliquer
pourquoi il faut voter comme ci ou comme ça pour ne pas
avoir le PIRE au pouvoir. L’usage de ce dernier mot déjà
me fait honte. Pouvoir ? Mais la personne qu’on élit devrait
être « au service de », pas au pouvoir. Tout est à refaire.
R
comme Rage
Je pense à ces magnifiques dessins de Pierre Déom, cet
instituteur/illustrateur/ rédacteur du journal La Hulotte qui
nous contait les Ardennes. Je me souviens très bien de cet
article sur la rage et ce qu’il fallait faire si on la contractait.
Ce mec avait réussi le cocktail parfait de presse spécialisée
sur la nature avec juste ce qu’il fallait d’humour pour nous
donner envie de dévorer chaque magazine. La rage au sens
non médical, je l’ai eue longtemps et toujours un peu.
Pour aller au bout d’un projet conséquent comme une BD
« longue », par exemple, ça demande beaucoup d’énergie
et de patience. Moi c’est la rage qui m’a fait avancer.
S
comme Saletés
À force de faire des livres où je parle de sperme, de caca
et autres friandises, on pense que j’ai une fascination pour
le sale et le graveleux alors qu’en fait je suis quelqu’un
de très propre et ordonné. Sans cela je pense que ça
m’amuserait moins de jouer avec ces matières. Ce serait
moins transgressif pour moi. Donc voilà, pas de conclusions
hâtives s’il vous plaît.
T
comme Tatouage
Je ne peux le nier, je suis assez fan de tatouage. Quand
j’en veux plus j’en veux encore. Même si l’engouement
pour ce dernier depuis un certain temps a pris beaucoup
trop d’ampleur, habiller sa peau avec des dessins qui nous
plaisent, ressentir la chaleur de l’aiguille et communier
avec le tatoueur reste un sacré kiff. D’ailleurs, je me suis
interdit de le pratiquer depuis des années et je commence
à changer d’avis. Il est pas dit qu’en 2017 je ne me mette
pas à piquer des gens de temps en temps !
U
comme Uni
Ou la chanson de Sham 69 « If the kids are united… They
will never be divided ». Ado, Je voyais le punk et la Oi !
comme les musiques qui rassemblaient les gens comme
moi pendant des concerts sauvages pour former une grande
famille. On était jeunes et fous, on allait tout péter. On a fait
ce qu’on pouvait et on continue, chacun avec ses armes,
mais l’esprit du clan est resté intact chez moi. J’ai connu
des désillusions bien sûr mais je conserve l’essence du truc.
V
comme Vandalisme
Pendant mes études, j’ai passé beaucoup de temps à
traîner tard le soir dans la rue et notre petit jeu était de
se réapproprier le paysage urbain. On faisait pas vraiment
de graffitis mais on redécorait des sculptures pompeuses
avec tout ce qu’on trouvait. On ajoutait du volume et de
la fantaisie là où il en manquait. Le mieux c’était quand
on croisait d’autres vagabonds nocturnes qui nous par-
laient de nos exploits sans savoir que nous en étions les
initiateurs. Jouissif !
W
comme Whisky
Mon alcool préféré quand il est mélangé avec du Coca. Je
sais, ça fait très parigot de boîte de nuit mais en vérité
c’est la boisson dont on se délectait aux réunions du
soir des colonies de vacances. Pour moi c’est associé au
plaisir, à la détente et à la connerie. Après chaque réunion
ça partait en sucette : les coinssos ne l’étaient plus et on
pouvait enfin se lâcher pendant que les mômes dormaient.
Le whisky-Coca c’est magique !