Atypeek Mag N°1 Atypeek Mag N°1 - Octobre - Novembre - Décembre | Page 33
Date de sortie :
16/09/2016
Durée : 54 min
Nationalité : ZA
Styles : Electro/
Hip-hop/Rap / GRIME
Die Antwoord
Die Antwoord ©Marisa Rose Ficara
ALBUMS
Date de sortie :
04/03/2016
Durée : 59 min
Nationalité : ZA
Styles : hip-hop/rap
grime / hardcore /
noise / punk trap
DOOKOOM
Mount Ninji and da Nice Time Kid (Zef Rec.)
NO ! (Atypeek Music/I.O.T. Records)
Barbie trashy rencontre un anti-Ken pour célébrer
une nouvelle fois, autour d’un quatrième album,
leur amour du hip hop zef. Elle arbore une coiffure
de punkette platine électrisée, lui un attirail de thug
rapper à dents chromés. Partisans de la sobriété
et du goût commun ? Non, non. Champions de
l’autodérision jouissive, de l’agitation enfiévrée et
du délire créatif ? Un grand OUI qui les maintient
toujours dans la ligne du zef, ce mouvement qui
exacerbe le « freak » comme le « rétro » pour en
faire une fierté et une source d’inspiration. Le duo
Visser-Ninja et leurs débits vocaux mêlés est devenu
un classique repoussant les limites de la respiration
saccadée. Des athlètes du mic, programme nage libre
dans un bain d’acid house et de ragga. On connaissait le sexy Rich Bitch, l’explosif Fatty Boom Boom
et le hargneux I fink u freeky. Les clips mis bout
à bout constituent une splendide fresque d’excès
chromatiques à interpréter avec toute l’ironie que
porte aud acieusement chaque chanson. Party time
is not over : à prendre au 30 000e degré et à écouter
à un nombre équivalent de Watts, le premier single
Banana Brain, tiré du nouvel album Mount Ninji
and da Nice Time Kid, annonce un opus canon armé
d’une sono de rave party tabasseuse d’esgourdes.
On est bien tenté de pousser encore le volume
pour voir jusqu’où va la baston. Elle continue sur
Fat Faded Fuck Face, dans un genre plus retenu
qui n’enlève rien à l’âpreté du chant. Sur We Have
Candy, le duo volubile nous surprend de nouveau
par son placement de voix évoluant dans un cadre
fantastique burtonien. Les collaborateurs comme God
et The Black Goat réalisent donc un travail immense
d’instrus regorgeant de beats inventifs, variés et
surboostés. Canaliser toutes ces dynamiques requiert également une orchestration minutieuse, défi
relevé une fois de plus par Die Antwoord. On pousse
encore le volume, seule frustration, le bouton est
déjà au max car la voix faussement doucereuse de
Yolandi Visser éclaboussant les flows de Ninja est
un plat qui se mange fort.
DOOKOOM est le groupe par qui le scandale arrive
en Afrique du Sud, de la ville du Cap pour être
précis. Et pour cause, leur musique est à l’image
des ghettos d’où ils débarquent : d’une violence
rare. À côté, les banlieues de NYC et L.A., c’est le
pays de Candy. Alors lorsque sonne l’heure de la
rébellion après de multiples EP, elle scande haut
et fort NO !
Pas de préavis, pas de négociation, encore moins
de concession, les DOOKOOM sont là pour dire ce
qu’ils ont à dire, sans discuter, et ça peut très vite
partir en vrille. Leur méthode pour faire entrer leur
discours dans nos crânes est rudement agressive,
ça ferait même moins mal avec un coup de batte
de baseball cloutée. Pour du hip-hop, c’est plus
que du rap hardcore.
Ce quatuor a mis au point un mélange hautement
inflammable d’afro-punk et de grime importé
d’Angleterre. Parler de fournaise semble un euphémisme.
Pas d’uptempo dopé mais des rythmiques énervées
sous de rugueuses notes électroniques (« Chop
Me Down », « The Devil Made Me Do It »). Il y a
beaucoup d’électricité dans l’air. Dans cette tension
permanente doublée d’une atmosphère horrifique
qui pourrait faire frissonner des Dope D.O.D. (la
référence dans le genre), les deux rappeurs de
DOOKOOM sont revenus à l’état sauvage avec des
lyrics carnivores et révolutionnaires. Tenez, rien
que le titre « Bitch, I Poop » (« pét****e, je suis
en train de ch*er », NdT) témoigne de cet esprit
primaire. La chanteuse Lilith que l’on découvre
sur « Marrafuka » dans un style moyen-oriental
n’a rien d’un ange non plus.
Avoir le CD entre les mains est aussi dangereux
qu’avoir un bâton de dynamite à mèche courte.
Les DOOKOOM font sensation au point de générer
des rushs d’adrénaline. Est-ce que NO ! inflige une
gifle à rompre la nuque ? Réponse catégorique : OUI !
Que vous le vouliez ou non.
✎ Jonathan Allirand
✎ Sagittarius http://www.nowplaying-mag.com
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ATYPEEK MAG #01
OCT./NOV./DEC. 2016
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