DANS LES SALLES
Bone Tomahawk
Date de sortie: 11 mai 2016 en VOD( 2 h 12 min) De: S. Craig Zahler Avec: Kurt Russell, Patrick Wilson, Matthew Fox plus Genre: Western, Epouvante-horreur Nationalité: Américain
Date de sortie vidéo Mai 2016
SYNOPSIS: 1850 – quelque part entre le Texas et le Nouveau Mexique. Dans la paisible ville de Bright Hope, une mystérieuse horde d’ Indiens en quête de vengeance kidnappe plusieurs personnes. Le shérif local accompagné de quelques hommes se lance alors à leur poursuite pour tenter de les sauver …
L’ hybridation du western avec un autre genre comme l’ horreur peut donner des résultats hasardeux quand il n’ est pas une facilité pour éviter le western et c’ est bien la force de Bone Tomahawk de rester avant tout un western d’ essence classique progressivement infecté par le virus du survival horrifique comme si La Prisonnière du désert de John Ford venait à croiser Cannibal Holocaust … Dans la première heure de Bone Tomahawk le réalisateur S. Craig Zahler
prend son temps avec la description de la ville frontière de Bright Hope et de ses habitants puis, quand l’ expédition se met en branle avec chacun de ses membres. Zahler, qui a également écrit le film, laisse à ses comédiens un espace pour composer des personnages qui se révèlent beaucoup plus complexes que de simples archétypes à mesure que la randonnée se prolonge. Ce sont de vrais personnages auxquels on s’ attache. Ainsi quand ils pénètrent en territoire ennemi le spectateur est pleinement investi dans leur( terrible) sort. Il est aidé par un quatuor de comédiens formidables avec à leur tête la présence solide de Kurt Russell dans le rôle du shérif Hunt( et sa moustache de folie!). S’ il est difficile d’ égaler la coolitude de Kurt Russell dans un western, Patrick Wilson convaincant en mari de la jeune fille enlevée qui refuse de laisser son infirmité l’ arrêter et Matthew Fox en dandy arrogant, tireur d’ élite au lourd passé qui se sent responsable de son enlèvement, s’ en sortent à merveille. Richard Jenkins est émouvant en vieil assistant du shériff.
Si le casting a son importance c’ est surtout l’ écriture très solide de Zahler, ses longs dialogues à la fois modernes mais écrits dans une langue surannée donc authentique et sa mise en scène solide de vieux routier qui brillent tout autant. Le rythme est lent mais les enjeux montent quand le film bascule dans le survival horrifique et qu’ on réalise avec nos héros que rien ne peut préparer des hommes « civilisés » confronté à la vraie sauvagerie et quelle sauvagerie! Les Troglodytes de Bone Tomahawk dépeints comme une tribu indienne dont l’ isolation et la consanguinité à conduit à muter constituent une menace à la fois crédible mais presque fantastique. Communiquant entre eux avec des hurlements à travers des tuyaux faits d’ os humains implantés dans la gorge, ils sont dénués de toute pitié.
Ils en font la démonstration dans une scène graphique filmée sans concessions ni esbroufe, une des plus traumatisante vue ces dernières années et qui montre que le réalisateur et son casting sont prêts à aller très loin et que tout peut arriver. On est d’ autant plus choqué de voir Kurt Russell figure familière, impuissant face à l’ horreur. On n’ en dira pas plus mais l’ escalade et la conclusion de ce dernier acte sont très satisfaisantes … Prêtez l’ oreille à la chanson du générique composée par le réalisateur et qui résonne comme une ballade folk d’ époque écrite pour commémorer les mésaventures des héros du film. Conclusion: Avec ce grand western classique infecté par un survival horrifique sans concessions, S. Craig Zahler fait son entrée dans la liste des réalisateurs à suivre.
Date de sortie: 6 juillet 2016( 1h 26min) De: Mario Bava Avec: Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda plus Genre: Science fiction, Fantastique Nationalité: Italien, Espagnol
La Planète des vampires Date de sortie vidéo 6 juillet 2016
C’ est Nicolas Winding Refn( Only God forgives, The Neon Demon) qui a aidé à la restauration de ce bijou du cinéma fantastique italien: La Planète des vampires( 1965), signé Mario Bava, cinéaste sous-estimé, mort en 1980. Mais il n’ est pas sûr que le cinéaste danois lui rende totalement justice, dans sa courte présentation, en saluant sa dimension « kitsch ». S’ agirait-il d’ une série Z à voir en ricanant, l’ œil rivé sur les décors et les costumes vintage, ou d’ une vraie tentative de science-fiction horrifique, qui inspira- Ridley Scott ne s’ en cache plus- le premier Alien? On penchera pour la seconde solution: passé l’ idiome italien proféré par des spationautes aux patronymes anglo-saxons, le film révèle comment l’ humanité de chaque personnage( et plus largement de chaque individu) est sans cesse menacée par des forces mystérieuses, un mal ancestral venu du fin fond de l’ espace et / ou d’ outre-tombe. Des moyens limités ont obligé le cinéaste, fils d’ un pionnier des effets spéciaux( il avait bossé sur Cabiria, en 1914!), à des trésors d’ ingéniosité poétique, au détriment du récit … Mais la résurrection des membres d’ équipage « zombifiés », la découverte d’ un squelette géant d’ extraterrestre et l’ épilogue sardonique sont les grands moments d’ un film qui distille étrangeté et terreur sourdes.
124 ATYPEEK MAG # 01 OCT./ NOV./ DEC. 2016