Galerie d’oeuvres de Hamed Abdalla
Film :
Une heure et demi (2012)
de Wael Ehsan
Présentation de Syrine Ismaili, enseignante-chercheuse en droit
Galerie Abdalla
Musique :
The Egyptian project
Vidéo
Parmi les films égyptiens qui se distinguent
par leur qualité artistique et par l’importance
du message qu’ils véhiculent, se trouve le film
« Saa ou nos » (Une heure et demi) de Wael
Ehsan, sorti en 2012. Le scénario du film est
inspiré d’une histoire vraie, celle de l’accident
d’un train près de la ville de Ayat, dans le sud
égyptien, en 2002. L’accident du train était dû
à un fort déséquilibre causé par le manque de
segments de fer sur la voie ferrée. Ces segments
étaient une aubaine pour une bande organisée
de jeunes voleurs, poussés au crime par... nécessité. S’ils ont réussi à accomplir leur crime,
ce n’est pas par manque de vigilance du gardien de la voie ferrée, qui veille consciencieusement depuis des années à ce que tout soit dans
l’ordre. Seulement, ce jour là, l’esprit envahi
de problèmes (la trahison de la femme qu’il
croyait amoureuse de lui, l’incapacité grandissante de subvenir aux besoins de sa famille...),
ont aveuglé ses yeux.
Dans le train, une multitude d’acteurs égyptiens reprenant chacun à sa manière l’histoire
d’une tranche de la société égyptienne. Il y a
la veuve qui essaye de continuer à avoir une
vie de femme, qui a encore envie de se sentir
belle et de se sentir aimée, face aux réticences
de la société, surtout que sa propre fille était
arrivée à l’âge du mariage. Il y a cet homme qui
n’avoue qu’à moitié être jaloux de la réussite
professionnelle de sa femme. Il y a également
le jeune qui allait être incarcéré non pas parce
qu’il avait causé du mal à quiconque ni parce
qu’il avait endommagé le bien de quiconque,
mais simplement parce qu’il n’avait vu aucun
inconvénient à dessiner un baiser sur la joue
de sa bien aimée dans la rue. Mais il y a surtout
ces jeunes accaparés par la pauvreté, par mille
et un obstacles sociaux, mais dont les rêves
sont énormes et les envies grandissantes.
Le spectateur est plongé pendant une heure
et demie au fond de la réalité des classes
moyennes et pauvre de la société égyptienne :
le poids des mœurs, les défaillances sociales
et politiques sont les maîtres mots. Mais le
contexte géographique du film, l’Égypte, n’occulte pas le fait que le message véhiculé par le
film peut être transposé dans n’importe quel
pays du monde arabe, même s’il est évident
que la situation est plus ou moins différente
selon les pays.