Réfléchir |
À l’ international, les entreprises redéfinissent leur stratégie en donnant un sens réel à l’ impact qu’ elles souhaitent avoir. Non seulement sur leurs bilans ou en bourse, mais aussi envers la société, l’ environnement et les générations futures. C’ est une ligne directrice qui façonne leurs décisions et fait tendre chaque partie prenante – investisseurs, collaborateurs, employeurs – vers un sens commun. Le profit, c’ est bien. Le profit avec une intention à long terme, c’ est mieux. Et s’ il est soutenu par une responsabilité financière, sociale et économique tangible: c’ est le trio gagnant. |
Une étude de McKinsey de 2024, souligne que les entreprises axées sur une intention ont tendance à obtenir plus de confiance et à surpasser leur concurrence en termes de croissance et de fidélisation. Cependant, l’ intention ne peut exister de manière isolée. Il s’ agit d’ une force motrice multidimensionnelle qui ne s’ anime que lorsqu’ elle trouve un écho auprès de ceux qui la composent.
Il y a tout juste dix ans, le travail était une équation claire à Maurice: étudier, gagner sa vie, s’ épanouir. On rejoignait une entreprise familiale, une banque ou l’ un des grands groupes du pays. Un emploi stable, un salaire fiable: voilà la mesure réelle du succès. La raison d’ être? Un luxe, ou en tout cas quelque chose plus digne d’ une retraite de yoga que du quotidien en entreprise. Et pourtant. Aujourd’ hui, une nouvelle génération de Mauriciens se demande: « Quelles valeurs défend mon entreprise? Est-ce que je m’ y épanouis? »
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Claire Hardy, 26 ans, possède un master en gestion d’ entreprise. Elle aurait pu choisir de travailler en entreprise. Au lieu de cela, elle a mis à profit son expérience en commerce et en marketing et suivi sa vocation en rejoignant 2 Minutes Mauritius, une plateforme de sensibilisation aux problèmes sociaux tels que la toxicomanie. Aujourd’ hui directrice générale, elle partage: « J’ ai toujours souhaité travailler dans ce domaine. Mais diriger une entreprise ancrée dans l’ impact social n’ est pas toujours évident. Certains mois, on est à bout de forces. Mais cela me semble juste, comme si c’ était là que je devais être. » Pour Claire, ce n’ est pas qu’ un travail; c’ est une question d’ alignement personnel.
Elle n’ est pas seule. Le rapport Gallup 2023 révèle que seuls 23 % des salariés dans le monde se sentent engagés dans leur travail. Les autres? Ils pointent, mais sont ailleurs. Et cela a un coût – 9 % du PIB mondial. À Maurice, les résultats sont aussi clairs. L’ enquête nationale Business Mauritius 2023 sur l’ engagement des salariés révèle un fossé entre la direction et ses employés – ces derniers ne se sentant pas inspirés par la vision d’ avenir de leurs dirigeants. Ce qui rend la fidélisation et la satisfaction d’ autant plus complexes.
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Coach de vie et fondatrice de health2bfree, Jenny Korten constate ce changement au quotidien: « La génération Z n’ a pas peur de poser les questions qui fâchent. Elle veut savoir ce que représente une entreprise, si elle laisse place à l’ individualité et si le travail contribue à quelque chose de plus grand. » |
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Voilà peut-être le challenge qui attend nos entreprises: créer des cultures auxquelles on peut croire. Pas parce qu’ elles le doivent, mais parce qu’ elles le veulent. Pour conclure, comme le résume Jenny Korten: « Le mot“ travail” n’ a pas changé, mais le monde, oui ». Et son sens doit désormais évoluer pour s’ adapter. |
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