ACTES FIAPA | Page 46

Adaptation du tri IOA ( SSE non prévisible )
Actuellement , et c ’ est issu du Plan Blanc de Bichat , dans cette approche , on est aussi sur une approche clinique c ’ est-à-dire de typologie de lésions . Le psycho-traumatisme ne nécessite pas une prise en charge immédiate . Vous voyez également qu ’ en termes de population , il n ’ y a pas une priorisation de la personne âgée . Ce qui pose problème , ce sont des patients dont la nécessité d ’ hospitalisation est supérieure au tout venant , que la charge en soin est supérieure . Et plus vite un patient , nécessitant une charge en soins supplémentaire , est pris en charge , meilleure est son orientation et sa prise en charge . C ’ est probablement une erreur d ’ exonérer les personnes âgées . Il faut les introduire au moins en U3 , même si elles sont totalement indemnes de lésions .
J ’ attire votre attention sur des questions extrêmement sensibles . La première chose dans une situation sanitaire exceptionnelle de type attentat , de type catastrophe industrielle , pour des choses non prévisibles , c ’ est que des questions éthiques vont se poser .
Malgré toutes les organisations en préhospitalier qui visent à adresser les patients en réanimation au bloc opératoire , on comprend bien que si une grande population est lésée , il va y avoir des questions de l ’ accès à la réanimation . Autrement dit , l ’ accès à la réanimation sera limité parce que les lits sont limités , les blocs opératoires sont limités , un par la place , deux par le fait qu ’ il faut quand même la disponibilité d ’ un chirurgien . La question est qu ’ à lésion égale , qui doit être privilégié ? Estce la personne de 50 ans ? Ou la personne de 90 ans ? Je n ’ ai évidemment pas de réponse à donner , mais je pense que c ’ est une réflexion à donner puisque c ’ est un vrai problème éthique . Pendant la crise , dans les urgences absolues , doiton prioriser telle population contre telle autre ?
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On peut comprendre , évidemment , que soit prioritaire l ’ enfant , mais ce sont dans des services de pédiatrie . On peut , à la limite , le comprendre pour la femme enceinte , encore que , ça se discute . En effet , je rappelle que , sur le plan légal , le fœtus n ’ est pas prioritaire en tant que tel . La question est : faut-il priorisé une population contre une autre pour des lésions identiques ? Tout cela se passe pendant la période de crise . Et c ’ est une vraie problématique parce qu ’ évidemment , pour les urgences absolues , ne pas aller dans une réanimation en bloc opératoire dans l ’ heure c ’ est un décès .
La deuxième question , c ’ est après la crise , c ’ est-àdire les urgences relatives : y-a-t-il une population à prioriser par rapport à une autre ? Par exemple , si on prend une lésion balistique qui serait une fracture du fémur . On peut comprendre qu ’ une fracture du fémur n ’ engage pas le pronostic vital dans l ’ immédiat , et qu ’ on peut parfaitement opérer des patients à J3 , à J4 , à J5 . Or , tout le monde sait que la personne âgée qui a 90 ans , qui a une fracture du fémur qui n ’ est pas opérée rapidement , va avoir des complications liées au décubitus : escarres , infections urinaires , et , évidemment , l ’ évolution risque d ’ être péjorative . Donc on voit cette même question , se reposer peut-être dans un sens inverse : pour des patients à lésions identiques , qui sont des urgences relatives et qui seront pris à distance par rapport à la situation sanitaire , qui doit-on prioriser ? Est-ce-que ce sont des patients de 50 ans versus des patients de 90 ans ? En sachant très bien qu ’ un retard de prise en charge des personnes très âgées va être extrêmement préjudiciable . Donc cela va être un vrai choix éthique . Non seulement dans les référentiels , on ne parle pas de la personne âgée , mais que ces questions-là ne sont absolument pas abordées .