ACTES FIAPA | Page 44

J ’ aimerais vous parler d ’ abord en pré-hospitalier de la situation « non prévisible ». Vous avez le schéma d ’ une organisation sanitaire en cas d ’ attentats , d ’ accidents , d ’ événements industriels , d ’ explosion type AZF à Toulouse .

En gros , l ’ organisation est à peu près la même qu ’ en médecine militaire sur les territoires de conflits . Vous avez une situation , un lieu et vous allez avoir un poste de regroupement des victimes et une sorte de tri qui va se faire avec un PMA qui est un Poste Médical Avancé . Vous allez trier de façon médicale militaire les patients en urgence absolue , c ’ est-à-dire dont la prise en charge est nécessaire en réanimation au bloc opératoire dans l ’ heure , et des urgences relatives , qui elles vont aller dans les services d ’ urgence à l ’ hôpital .

CHRISTOPHE CHOQUET

Chef des urgences de l ’ hôpital Bichat – Claude Bernard

Je vous mets les trois documents estampillés

Ministère de la Santé notamment sur les agressions collectives et sur la gestion de la préparation des situations sanitaires exceptionnelles . Le mot « personne âgée » n ’ apparaît pas sur 300 pages . Effectivement , sur les recommandations des Fédérations des observatoires régionales des urgences , on parle , à la marge , de la personne âgée mais vraiment pas dans une démarche et une réflexion organisationnelle .
J ’ aimerais vous expliquer un peu ce que je considère comme deux problèmes tout à fait distincts et deux situations tout à fait distinctes . La première , ce serait une situation qu ’ on pourrait juger « non prévisible » c ’ est-à-dire un attentat , une explosion , une catastrophe industrielle .
C ’ est une situation qui nécessite donc une grande capacité d ’ adaptation et qui n ’ est pas prévisible . Et puis , une situation , type canicule , qui est « prévisible », la canicule arrivant rarement l ’ hiver , et donc qui nécessite surtout de l ’ anticipation . On a vu en 2003 combien les pouvoirs publics n ’ ont absolument pas anticipé la survenue d ’ un événement caniculaire et son impact sur la société . Aujourd ’ hui , effectivement , il y a des signaux , il y a des organismes , il y a des possibilités . On a appris sur la canicule .
Autrement dit , vous avez deux orientations différentes . Une qui va être directement dans les blocs opératoires et les réanimations , ce sont les urgences absolues , et les urgences relatives qui vont être prises en charge dans les hôpitaux . La question dans cette organisation est : quel est la place , y a-t-il une spécificité de la personne âgée dans cette organisation ? À mon sens , je pense que cette organisation peut s ’ exonérer de la personne âgée en tant que telle .
On est sur une approche clinique pure , il faut bien comprendre qu ’ on est sur des lieux très proches d ’ un attentat , d ’ un accident industriel , il n ’ est pas possible de déterminer différentes filières , et intégrer une filière spécifique de la personne âgée . En gros , on se repose sur une prise en charge clinique qui est : est-ce-que le patient risque de décéder dans l ’ heure et doit être orienté dans un bloc opératoire pour être opérer ? Est-ce-que ce patient nécessite d ’ être pris en charge et évalué dans un service d ’ urgence ? Et encore une fois , il faut bien imaginer un théâtre d ’ opération où il pourrait y avoir 50 , 100 , 150 , 200 victimes . Je ne crois pas qu ’ on puisse subdiviser tel type de patient , entre plus fragile et moins fragile .
Actuellement ce n ’ est pas possible , il faut quand même s ’ appliquer à la réalité . Donc , à mon sens , dans les situations non prévisibles , en préhospitalier , je ne crois pas qu ’ il faille détacher la personne âgée de l ’ organisation globale , il faut quand même comprendre ce qu ’ il en est .
L ’ objectif est quand même d ’ acheminer le plus vite les patients en fonction de leur état , tout en assurant également une identitovigilance qui est un vrai problème sur ces situations-là , puisque évidemment les gens n ’ ont pas forcément des personnes ressources , on y reviendra .
44