ACTES FIAPA | Page 67

de tirailleurs sénégalais , moitié musulman- moitié chrétien-moitié animiste , métissée à une grandmère vietnamienne et bouddhiste . Mes parents m ’ ont inculqué les cycles de la vie : le pain blanc pour les jours heureux , le pain noir pour les mauvais jours , les biscottes pour les temps gris , les jours sans pains pour les pires journées .
La vie est un tout , à dose plus ou moins égale , même si on a naturellement tendance à ne compter que les mauvais jours . J ’ ai choisi de rester alors même qu ’ il m ’ a été offert l ’ opportunité d ’ un poste en métropole après les ouragans . Je reste parce que j ’ ai mangé mon pain blanc et ma meringue ici en arrivant .
Mon accueil a été chaleureux , généreux et sincère . Pour équilibrer les choses , je me dois de manger mon pain noir et mes biscottes .
Mais surtout , et avant tout , je reste pour la population , pour leur chaleur , leur générosité , leur accueil et leur tolérance ! J ’ aurais dû commencer par cela . Ce qui frappe sur cette île , dont les origines sont multiples , c ’ est la tolérance . On vous accepte comme vous êtes !
J ’ ai rencontré des personnes qui sont arrivées il y a 30 ans . Des Chinois qui tiennent la quasi-totalité des épiceries de l ’ île , les Portugais , les Brésiliens , les Espagnols , les Haïtiens qui sont venus construire les bâtiments et qui sont restés . Ils parlent tous leur langue d ’ origine .
La population s ’ est adaptée à eux et pas l ’ inverse , donc elle s ’ est enrichie . La première fois que j ’ ai remonté une rue du bidonville de Sandy Grand avec un gamin sortant de prison , je l ’ ai vu passé de l ’ anglais en début de rue au portugais , à l ’ espagnol , pour finir par le hollandais chez lui , sans que cela ne lui pose de soucis .
Concernant un formulaire que j ’ ai rempli pour lui , à la question « Avez- vous des compétences particulières ? », il m ’ avait répondu « Je n ’ en ai aucune »… C ’ est surtout cela Saint Martin , c ’ est une île en dehors des codes !
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