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d ’ établissement qui peut être intégré au Plan Blanc , doit être la priorité . C ’ est-à- dire qu ’ en situation de flux massifs de patients , la question est de dire : prioriser les personnes âgées au détriment de personnes plus jeunes , probablement mieux insérées et probablement ayant plus de solutions de ressources sociales , alors que les personnes âgées , notamment du XVIIIème arrondissement , sont , pour beaucoup , isolées . Cela pose donc la question : quels types de patients l ’ assistante sociale doit-elle prendre en charge en priorité ? A mon sens , il est clair que c ’ est la personne âgée qui doit être prioritaire dans cette situation . Encore une fois , il faut bien comprendre , qu ’ en situation sanitaire exceptionnelle , c ’ est 50 patients qui peuvent arriver dans l ’ heure . Donc encore une fois , on est dans une médecine qui n ’ est pas uniquement clinique mais qui s ’ apparente à une médecine de guerre , qui est : qui je prends en premier ? Qui je vois en dernier ? Et pour quels intérêts et pour quels résultats ?
Alors , il y a aussi les situations prévisibles , types canicule , qui n ’ a pas été , en 2003 , prévue . C ’ est un autre débat . Cela nécessite d ’ intégrer le fait que quel que soit la situation , qu ’ elle soit caniculaire ou hivernale ou autre , un SAU , un Service d ’ Accueil des Urgences , se doit d ’ assurer la sécurité et la qualité des soins . On ne peut pas fonctionner en mode dégradé même si certains ont peut-être eu l ’ expérience , en tant que patient , d ’ un service d ’ urgence dont la prestation était dégradée . C ’ est un autre débat . Mais effectivement on ne peut pas considérer que , dans une situation prévisible , il y ait une dégradation de la sécurité des soins . Ce qui veut dire , qu ’ évidemment , c ’ est la capacité de l ’ hôpital et d ’ un service d ’ urgence de s ’ adapter dans son architecture , de s ’ adapter dans sa prise en charge , de s ’ adapter dans son organisation , de s ’ adapter dans ses Ressources Humaines , pour faire face aux besoins . Pendant la période de canicule , l ’ hôpital a eu toutes les difficultés , d ’ abord à identifier le problème et aussi à s ’ adapter dans des situations toutes simples , ne serait-ce que les disponibilités de brancards . Moi j ’ ai vécu , effectivement , des situations où les brancardiers se battaient parce qu ’ il n ’ y avait plus de brancards . Les ambulanciers devaient donc patienter 3 ou 4 heures avec le patient sur un brancard pour pouvoir repartir chercher d ’ autres patients . Ce qui veut dire qu ’ il y a des anticipations et , effectivement , tout le monde reconnaît qu ’ il y a des signaux d ’ alerte qui sont mis en place et qui sont des indicateurs qualité permettant de détecter un problème sanitaire émergent . Aujourd ’ hui , par exemple , que ce soit pour la grippe ou d ’ autres situations sanitaires , les urgences sont mieux outillées et mieux armées pour détecter ou dépister le fait qu ’ il y aurait un problème sanitaire émergent . Ce sont des indicateurs simples : le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans , leurs besoins d ’ hospitalisation , le nombre de lits qui augmente , la durée de séjour de ces patients aux urgences . Aujourd ’ hui , c ’ est probablement la seule leçon qu ’ on ait retenue de 2003 et il faut quand même être content de cela . On est en capacité d ’ avoir des signaux qui nous mettent en alerte et qui nous permettent de nous adapter très précocement . Ce qui veut dire également que les tutelles sanitaires sont sensibilisées à ce problèmelà . Cela veut dire aussi qu ’ il faut anticiper . Par exemple , un protocole qui est habituel dans les services de l ’ hôpital Bichat et qui ressort tous les ans pendant la période d ’ été , c ’ est l ’ évaluation , dès l ’ accueil , sur les conséquences éventuelles de la chaleur . La première population qui est priorisée est le grand âge , c ’ est-à-dire les personnes de plus de 85 ans , indépendamment d ’ autres populations qui souffrent de la chaleur et les populations relevant de pathologies psychiatriques . On voit bien que l ’ âge devient un élément de priorisation de ces patients , et indépendamment de leur état clinique , un patient âgé en situation caniculaire doit être priorisé et pris en charge immédiatement même si finalement il n ’ est pas inquiétant sur le plan médical . C ’ est quelque chose qu ’ on a appris et pour lequel les professionnels sont formés dans l ’ anticipation . Et puis il y a d ’ autres choses qui sont nécessaires comme une protocolisation des soins . Il est clair que , pendant la période de canicule en 2003 , j ’ ai réuni toutes les infirmières et les internes . Il n ’ y avait pas beaucoup de médecins , j ’ étais le seul médecin sénior . J ’ ai dit qu ’ on allait faire pour tout le monde le même type de soins , c ’ est-à-dire le bilan et la perfusion .
Il ne fallait pas attendre la prescription stricto sensu des traitements , il fallait faire pour tout le monde une prise en charge standardisée , ce qui nous a permis de gagner un temps considérable . Il y a évidemment la capacité de l ’ hôpital de se gérer en logistique : en 2003 , avec la canicule , il a fallu effectivement aller à la poissonnerie du Carrefour du coin pour récupérer de la glace . L ’ hôpital était totalement désemparé . Aujourd ’ hui , on a tiré à peu près la leçon mais il est clair qu ’ on avait un besoin de glace qui était énorme . Il a fallu s ’ en fournir en urgence dans le seul endroit accessible où il y ait de la glace , c ’ est-à-dire une poissonnerie .
Et puis , dans ces situations-là , il y a toutes les questions que sont le dimensionnement et la plasticité d ’ un hôpital . Un hôpital n ’ est pas plastique , c ’ est-à-dire qu ’ il a une très longue capacité d ’ adaptation , ne serait-ce que dans le doublement des lits . Et puis , il faut se poser des questions : est-ce-que la personne âgée dans les
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