Acte de colloque : La pierre, un choix sociétal | Page 118

Conclusion une étude ethnographique en Suisse , en Espagne et en Angleterre . Elle nous a montré à quel point , dans ces trois pays , il y a , dans des magazines et des universités , des gens qui travaillent sur le renouveau de la construction en pierre . Elle n ’ a pas travaillé sur la France . Pourtant , la France est certainement un des pays pionniers sur l ’ usage de la pierre massive .
La forme suit-elle la provenance de la pierre , la pierre telle qu ’ elle se trouve dans le sol , l ’ expertise en matière de construction en pierre , les croyances morales autour de la pierre ? Elle a même parlé des émotions . Le travail manuel avec la pierre , les connotations sociales de la pierre , la nature de l ’ innovation avec la pierre , les associations stylistiques de la pierre ou la durabilité de la pierre . Elle s ’ est basée sur deux projets . Normalement , je n ’ ai pas le droit de vous dire qui sont les 40 finalistes du materia award . même certainement des efforts qui sont faits et qui vont continuer à être faits pour cela .
Préserver l ’ environnement , c ’ est se soucier de la ressource , mais aussi du coût carbone . À partir d ’ une étude réalisée , on a vu que , si on prend la vision holistique , la vision globale , le coût global , utiliser de la pierre française peut être aussi économiquement intéressant . Pour lui aussi — ses verbatim me semblaient particulièrement intéressants —, la filière pierre peut avoir un impact positif sur les enjeux auxquels nous devons faire face : atténuer le changement climatique , puis s ’ y adapter . Il a parlé aussi du localisme comme une des réponses que nous pouvons apporter au changement climatique et à l ’ usage de la pierre . La pierre est par nature un matériau bas carbone et elle doit le rester . Elle le restera si on a moins d ’ importations de pays très lointains .
Je peux tout de même vous dire que , parmi les trois projets qu ’ elle a étudiés , un a été fait par un architecte qui est l ’ un des finalistes du materia award . Elle a parlé aussi de plusieurs projets d ' IBAVI , un maître d ’ ouvrage à Majorque , qui est aussi parmi nos finalistes .
J ’ ai retenu une phrase , parmi celles qu ’ elle a dites : « La rationalité constructive pourrait générer de nouvelles formes architecturales propres à notre époque . Cela mériterait plus de recherches , en partenariat avec les Compagnons . ». La main est lancée vers les Compagnons aussi , pour des recherches académiques .
Vincent Raynaud , ensuite , secrétaire général du SNROC , a essayé ensuite de répondre à cette question : comment concilier exploitation des roches ornementales de construction et préservation de l ’ environnement ? Il a d ’ abord dressé un tableau de la filière pierre française , qui n ’ est pas complètement rose puisque l ’ on est passé , en 15 ans , de presque 1 000 entreprises à 640 . Il avait même l ’ air de dire que , aujourd ’ hui , ce serait plutôt 500 . La filière est constituée presque exclusivement de TPE ou de PME installées en zone rurale . De plus , 50 % des pierres utilisées en France sont importées , entre autres ou essentiellement à cause du coût .
Préserver l ’ environnement , c ’ est se soucier de la ressource et du coût carbone . Vincent Raynaud nous a dit que les exigences sur la préservation de l ’ environnement et les autorisations d ’ ouverture et d ’ exploitation des carrières devraient être calibrées en fonction de la taille de l ’ exploitation , ce qui semble être une bonne idée . Il nous a expliqué qu ’ il travaillait avec les services de l ’ État , pour essayer de sécuriser l ’ accès à la ressource .
Une carrière n ’ est peut-être pas le meilleur endroit pour la biodiversité , mais il y a quand
J ’ aurais pu garder l ’ essentiel des propos d ’ Hugo Topalov comme verbatim . Il nous a parlé de la place , pour un matériau durable , dans une filière de réemploi . J ’ ai trouvé très fair-play de sa part , alors qu ’ il travaille surtout sur le réemploi , de commencer en nous disant : « Il est bien plus vertueux de réfléchir d ’ abord à la possibilité de conserver les bâtiments et de les transformer avant de penser à les démolir et à réemployer certains de leurs composants ». On retrouve ce que nous disait Albane de l ’ ADEME au départ .
Étape clé en amont : faire un diagnostic de la ressource , avant la déconstruction , s ’ interroger sur le type de pierre , sur l ’ état de la pierre , sur les types de mortier , sur l ’ accessibilité des pierres et sur la taille et le poids des blocs . Ensuite , quelques étapes clés : recherche de chantiers récepteurs de matériaux , parce qu ’ on ne va pas déconstruire pour avoir des matériaux si on ne sait pas où on pourra les réutiliser . Dépose , nettoyage , caractérisation par des essais en laboratoire . Ensuite , le chantier de déconstruction , la dépose mécanique . Et anticiper la logistique et le stockage : on a vu à quel point c ’ était important
Quant au bilan économique , il était quand même assez positif , en tout cas sur quelques exemples dont il nous a parlé , avec un prix du réemploi de 500 euros du mètre cube , contre un prix du neuf à 650 euros du mètre cube .
Avant tout , Hugo a beaucoup insisté sur le bilan humain . J ’ ai gardé la citation d ’ une des personnes qui avaient participé au chantier : « Le rendu a été très satisfaisant pour tous les intervenants , et pour le client . La montée en compétence des acteurs a été appréciable ».
Il y a également cette citation que j ’ ai trouvée très intéressante , car je ne savais pas qu ’ il le faisait : « Nous aimons faire une architecture de stock , qui est offerte aux habitants pendant le temps du projet ». Il nous a montré les petites
118 COLLOQUE - LA PIERRE , UN CHOIX SOCIÉTAL